Vite fait, bien fait !

Avec beaucoup de maîtrise, le Brest Bretagne Handball a disposé d’une équipe de Chambray qui avait pourtant pris un excellent départ cette saison. Le succès confortable (31-20), la rigueur mise par les Rebelles durant soixante minutes et la prestation XXL de Julie Foggea sont autant de points pouvant donner le sourire au staff brestois dans une période où l’équipe est toujours en construction. Troisième succès en autant de matches de LBE pour le BBH donc qui attend maintenant de pied ferme le CSM Bucarest dimanche pour un très gros choc de Ligue des Champions.


« Aujourd’hui, le grand nous a dit « Écoute petit, reste à ta place » ». Mathieu Lanfranchi n’a pas fait dans la fantaisie au moment de débriefer la copie de ses ouailles. Le coach chambraysien n’a pas non plus parcouru de grands détours pour reconnaître la supériorité d’une équipe brestoise impitoyable avec ses troupes lors d’une première période à sens unique. « C’est une claque sur la tête, poursuivait-il ainsi. Brest a fait un match avec une intensité et une rigueur de Ligue des Champions, c’est sur ça qu’on a vu une grande différence ». Sans doute que la costaude entame de saison du CTHB, vainqueur de Nantes et auteur d’un carton à Besançon, avait allumé les warnings dans le vestiaire brestois. L’adversaire était à prendre très au sérieux, qui plus est entre deux chocs de Ligue des Champions face aux Vipers et à Bucarest. « Même si Dijon est aussi une très belle équipe, c’était un premier vrai test. On affrontait là une équipe européenne qui s’est bien renforcée cette année et avait très bien débuté », rappelait Pablo Morel. Restait à découvrir comment les Rebelles avaient digéré leur revers initial en Coupe d’Europe, trois jours plus tôt en Norvège. Visiblement plutôt bien. Très bien même. Après coup, il est ainsi difficile de trouver un moment dans la partie durant lequel Chambray a pu y croire, excepté au coup d’envoi. Car quatre minutes plus tard, il y avait déjà 5-0 et l’écart n’est ensuite jamais descendu en dessous de trois unités, culminant même à onze dans le dernier quart d’heure. « J’estime que les entames de match sont décisives, argumentait le coach brestois. C’était important de mordre dans cette rencontre, de marquer notre territoire. Et après de mettre à l’épreuve notre rigueur. On a un chemin encore à faire sur ces temps faibles quand on creuse l’écart ou qu’on laisse partir l’adversaire comme contre Vipers. Mais aujourd’hui, je n’ai pas vraiment senti de baisse de régime ». S’il faut vraiment être tatillon, il y a peut-être eu un léger creux en fin de première période et au milieu de la seconde. Mais pas de quoi affoler les foules. Car l’essentiel avait de toute façon était fait, avec les formes et sans chichi.

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« On était face à une équipe en mode Ligue des Champions, lâchait le nouveau coach du CTHB. Ce soir, on a reçu ce qu’on méritait parce qu’on n’a pas été respectueux du plan de match. On ne voulait pas donner de ballons à Brest pour se faire battre sur le grand espace et on l’a fait, on voulait aussi se stabiliser en attaque et on a pourtant perdu trois ou quatre ballons comme ça, on voulait de la continuité et on l’a pas vue… On savait que les Brestoises voudraient se rendre le match facile pour opérer des rotations et préparer Bucarest. Les comportements attendus en défense chez nous comme l’intensité et l’agressivité n’étaient pas là. C’est une belle leçon d’humilité et de rigueur de très haut niveau ». Le Brest Bretagne Handball a pu faire tourner à plein régime son fond de commerce basé sur la défense et le jeu rapide. Il a aussi pu compter sur une très grande Julie Foggea, impériale durant soixante minutes et auteure d’un joli 50% d’arrêts (21/42). « J’essaye d’alterner les gardiennes en début de match pour les responsabiliser et jouer avec la fraîcheur physique, avançait Pablo Morel. Ce soir, Julie a été très performante. La défense lui a permis de l’être, et inversement. À partir du moment où ça fonctionnait, il n’y avait pas de raison de la sortir. Elle a prouvé qu’elle était capable de faire une grosse performance contre une équipe européenne ». Chambray, formation bardée de talents offensifs à tous les postes, a longtemps galéré et buté sur la muraille brestoise, atteignant péniblement les dix buts à la pause grâce à une accélération dans la dernière minute. Mais c’est aussi de l’autre côté du terrain que les Tourangelles n’ont pas vraiment respecté leurs standards. Elles qui n’avaient concédé que 22 buts contre Nantes et Besançon en avaient déjà 18 dans la musette à la pause.

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« On ne peut pas rivaliser avec Brest sur la durée, soufflait Mathieu Lanfranchi. Sur un match, pourquoi pas, mais pour cela il faut être parfait dans l’application et la rigueur. Si on avait mis déjà la même concentration que lors de nos deux premières rencontres, l’écart n’aurait sans pas été aussi grand ». C’est en tout cas un deuxième large succès pour des Rebelles qui avaient déjà essoré Mérignac la semaine dernière en Gironde. Pour le BBH, la rengaine reste la même : être meilleur à chaque sortie. « On voulait progresser dans le contenu, être plus stables, plus solides, confirmait Pablo Morel. C’est l’enjeu du début de saison parce que c’est compliqué d’être performant rapidement avec autant de changements dans le groupe. Évidemment que l’équipe va se bonifier avec le temps et ce rythme entre les matches. Après, j’espère surtout qu’on saura tirer des leçons à chaque prestation. On le verra dimanche ». Le révélateur aura un nom : le CSM Bucarest, avec ses internationales françaises (Zaadi, Niakaté, Glauser, Dembélé) et sa star Neagu. De quoi se faire une très bonne idée en effet.

BREST BRETAGNE HANDBALL – CHAMBRAY TOURAINE HANDBALL : 31-20 (18-10)
BREST BRETAGNE HANDBALL :
Darleux (g.), Foggea (g.), Toublanc (2), Fauske (3), Kobylinska (2), Jaukovic (5), Lassource (4), Memana (2), Freriks, Foppa (2), Brnovic (4), Carlson (1), Coatanéa (4), E. Jarrige (2). Entraîneur : P. Morel.
CHAMBRAY TOURAINE HANDBALL : Quiniou (g.), Granlund (g.), Pina (2), Monti Danielsson (1), Lagerbon, Van der Heijden (4), Houette (1), Dembélé (2), Bouchard (2), Mielke-Offendal (1), Stoiljkovic (3), Brkljacic (2), Deba, Ekoh (2). Entraîneur : M. Lanfranchi.

(crédit photos : O. Stephan / BBH)

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