Second acte fatal

Le Brest Bretagne Handball, en perdant pied durant la seconde période, n’a pu faire chuter Metz lors de la dernière journée de la phase aller. Devenues hésitantes après une entame réussie, les Rebelles ont donc subi la loi des Lorraines (19-23) et laissé échapper leurs adversaires du soir au classement. Le marathon de janvier se termine donc sur une mauvaise note mais après un mini break de quelques jours, il faudra vite se remobiliser pour attaquer la Coupe de France et valider une qualification pour les 8es de finale de la Ligue des Champions.

« Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ». En conférence de presse, Manu Mayonnade avouait sans ambages que le niveau du match qu’il venait de terminer ne l’avait pas ébloui mais que les leviers trouvés par ses ouailles faisaient sa satisfaction. Au bout d’un gros combat physique et défensif, les Dragonnes venaient ainsi de mettre une main encore un peu plus ferme sur la destinée de ce championnat 2022/2023. Invaincues après 13 journées, et sur un nuage en Ligue des Champions, elles affichent sans doute en ce moment la meilleure dynamique en Europe et ne se sont donc pas fait prier pour poursuivre sur leur lancée. « On a essayé de se montrer ambitieux et sans parler de frapper un gros coup, on voulait avoir ces deux victoires d’avance sur Brest au sortir de la phase aller, glissait le coach messin. Mais le championnat est bourré de pièges… Si Brest a perdu à Saint-Amand, pourquoi on ne vivrait pas la même mésaventure ? On a été chahutés sur certains terrains ». Effectivement, tout reste encore possible malgré la domination imposée par le collectif lorrain, mais Pablo Morel a aussi vite identifié les conséquences de cette défaite à l’Arena : « Le titre ne s’envole pas, il y a encore toute la phase retour, par contre ça ne dépend plus de nous, c’est mathématique et c’est une donnée importante ». Après une lutte aux standards défensifs similaires à leurs dernières prestations, les Rebelles s’en voudront certainement d’avoir laissé fondre un bel avantage lors du premier acte (8-4, 17e ; 9-9, 25e) puis d’avoir permis à Metz de mener le tempo après le repos, une fois l’avantage au score repris.

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« On a senti qu’on perdait pied petit à petit au cours de la seconde période, soufflait Pablo Morel. On a manqué de volonté de gagner nos duels, par moments on tournait un peu en rond sans vraiment chercher à aller vers le but. C’est un manque de confiance, de repères, quelques tirs importants mal négociés ». Jamais décrochées et encore à deux unités de leurs adversaires à l’entrée des dix dernières minutes (17-19, 51e), les Brestoises ont beaucoup gâché et garderont sûrement en tête que le coup était jouable avec davantage de lucidité et de réalisme dans les moments chauds. « Handballistiquement parlant, on a déjà fait bien mieux que ça, poursuivait Manu Mayonnade. Je ne suis pas convaincu que c’était un match de grande qualité technique alors il a fallu faire preuve d’autres compétences. La rencontre était hachée, sans doute en raison de l’enjeu et de l’énergie laissée en Ligue des Champions le week-end dernier. On a su très bien défendre, se montrer disciplinés et les fois où on ne l’a pas été, Camille Depuiset a su sortir les ballons ». Suffisant pour perturber des Rebelles dont le jeu d’attaque a montré des soubresauts et manqué de constance. Assis sur une vraie belle base défensive, le BBH n’a pas su faire fructifier en seconde période ce joli travail de sape. « Clairement, il y a un delta offensivement entre les deux équipes, lâchait Pablo Morel. Prendre seulement 23 buts contre la meilleure équipe du championnat et l’une des meilleures d’Europe, c’est une performance. Mais n’en marquer que 19 est interpellant… Camille Depuiset a fait une très belle partie mais on n’a pas su être tueurs, ce rapport de force on l’a perdu. J’ai l’impression que ça a été un match serré et ce sont des petits détails qui font qu’à la fin, quand elles se retrouvent seules à 6 mètres, elles marquent et nous, on hésite ».

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L’ouverture laissée par Metz à l’entrée du money time n’a ainsi jamais su être saisie par les Rebelles, vite punies dans les instants suivants par la doublette De Paula – Jorgensen. La porte s’était refermée et les deux victoires d’avance de Metz au classement étaient entérinées. « On accuse le coup, et heureusement qu’on accuse le coup, concluait Pablo Morel. On est des compétiteurs, on a envie de gagner et il y a de quoi être agacés quand on a le sentiment d’être passés à côté de ce rendez-vous en seconde période. C’est rageant parce que j’ai l’impression qu’on avait les moyens de le faire et qu’on avait pris ce match par le bon bout ». Cette conclusion d’un mois de janvier dantesque pour les Brestoises aurait donc pu avoir meilleure allure mais elle n’empêchera pas non plus le BBH de se remettre au travail pour se lancer dans la deuxième partie de la saison. Les objectifs sont multiples, la Coupe de France débute dans une semaine, la phase de groupes de Ligue des Champions n’a pas encore livré son verdict et la poule retour de LBE sera forcément corsée. Bref, pas de quoi s’ennuyer et les trois jours de repos dont peuvent enfin bénéficier les Rebelles seront aussi nécessaires que courts. Rendez-vous en février !

BREST BRETAGNE HANDBALL – METZ HANDBALL : 19-23 (11-10)
BREST BRETAGNE HANDBALL :
Foggea (g.), Marinovic (g.), Mauny (2), Toublanc (4), Fauske, Kobylinska (3), Jaukovic (2), Lassource (1), Freriks, Kouyaté, Foppa, Delaye, Brnovic (2), Carlson (5). Entraîneur :
METZ HANDBALL : Depuiset (g.), Sako (g.), De Paula (5), Valentini (2), Jorgensen (7), Horacek (1), Bont (2), Burgaard (4), L. Kanor, Jacques, Pascoal, Bouktit (2), Schulze, Le Blévec. Entraîneur : E. Mayonnade.

(crédit photos : O. Stephan / BBH)

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