En panne de carburant

Le Brest Bretagne Handball manquait de carburant ce samedi et a subi la loi du double champion d’Europe en titre, Vipers (29-36). Les Rebelles étaient encore au contact à la pause mais un terrible passage en seconde période a scellé le sort d’un match joué sur un rythme effréné. Avec cette défaite, les Brestoises ne peuvent plus terminer à la 4e place et attendront donc le résultat de la rencontre CSM Bucarest – Krim dimanche pour connaître leur classement final et leurs adversaires en barrages.

« J’ai le sentiment qu’il n’y avait plus beaucoup d’essence dans le moteur et c’est dur de se sentir un peu impuissant comme ça ». Le constat de Pablo Morel après les débats ne manquait pas de lucidité. Les Rebelles auront ainsi tenu 35 minutes au contact des Norvégiennes avant de vivre un véritable cauchemar pendant 6 minutes, 6 petites minutes durant lesquelles Vipers a signé un terrible 8-1 chirurgical. Et létal (20-20, 36e ; 21-28, 42e). Durant cette courte période, 10% du match finalement, la Brest Arena pleine à craquer a sans doute compris pourquoi cette équipe avait remporté les deux dernières éditions de la Ligue des Champions. « On voulait gagner ce match pour avoir le meilleur classement avant les play-offs mais en seconde période, Vipers a joué trop vite pour nous, lâchait le coach brestois. C’était trop rapide et trop fort. Et il aurait fallu enflammer ce match-là si on voulait espérer quelque chose et profiter de l’énergie du public ». Encore une fois irréprochables, les fans du BBH ont eux aussi dû constater la supériorité des Vipers mais ont également pris rendez-vous pour la suite car l’aventure européenne du Brest Bretagne Handball ne s’arrêtera pas sur cette défaite. « On est en play-offs et on va attendre demain pour connaître notre place dans le groupe, poursuivait Pablo Morel. On va maintenant entrer dans une autre réalité, une autre histoire, une autre dynamique. Peu importe qui on jouera, ce sera compliqué et passionnant ».

I94 A5949

Pour ce qui est de l’avenir continental des Brestoises, on y voit en tout cas un petit peu plus clair dès ce samedi, avant de connaître le verdict définitif dimanche. Le BBH finira ainsi 5e ou 6e de la poule, un classement qui sera figé à l’issue du match Krim – CSM. Les Vipers porteront aussi un œil attentif à cette opposition mais espèreront un autre résultat que les Rebelles. En cas de succès de Bucarest, les Norvégiennes perdront leur première place mais les Françaises garderont elles la 5e. Et pour ce qui est des adversaires potentiels, il n'y a plus que deux possibilités pour les play-offs : Ce sera Esbjerg si Krim gagne dimanche et dans le cas contraire, les Brestoises retourneront dans la capitale roumaine pour y affronter cette fois le Rapid. Rendez-vous dans la deuxième quinzaine de mars.
En attendant, le Brest Bretagne Handball va devoir se remettre au travail mais aussi penser à souffler. Les quinze jours avant la trêve internationale seront beaucoup plus light, un luxe ! « On va connaître notre première semaine complète depuis le début de saison, c’est presque des vacances ! » souriait à ce sujet Pablo Morel. Avec malgré tout en tête que le moindre relâchement aura des conséquences d’ici à la fin de la saison. En affrontant Vipers, les Rebelles ont clos le marathon de la phase de groupes de la Ligue des Champions, tout sauf une finalité cependant.

I94 A6069

Et les Brestoises passeront certainement une partie de leurs deux jours de repos bien mérités à ressasser cette partie contre les Championnes d’Europe qu’elles ont cru pouvoir tenir entre les mains avant le repos mais qu’elles ont ensuite vu filer petit à petit, et irrémédiablement. « Vipers est une grande équipe qui peut encore gagner la Ligue des Champions cette saison, tempérait un peu Monika Kobylinska. Mais on a fait trop d’erreurs dont elles ont profité. Elles ont joué très vite et si tu affrontes une équipe comme ça, tu ne peux pas défendre de cette manière ». En difficulté dans ce secteur, surtout après le repos, les Rebelles ont aussi subi la qualité d’une formation scandinave, sûre de son handball, et prompte à faire payer le moindre petit détail défaillant avec notamment sa ligne arrière (Roberts, Jerabkova, Vyakhireva…) contre laquelle il a été difficile de trouver des solutions. « La clé de ce match a été notre groupe, ajoutait Océane Sercien-Ugolin, la Française expatriée au nord de l’Europe. On a une équipe très forte et peu importe qui est sur le terrain, ça se passe bien. Notre capacité à courir nous a permis de faire la différence, c’est l’une de nos forces, ainsi que celle à prendre les bonnes décisions au bon moment ». « Mais on ne peut pas reprocher grand-chose aux filles, assurait Pablo Morel. La blessure de Djina (Jaukovic, touchée au genou mercredi), le quasi-exploit à Bucarest, le match à Chambray, tout ça a fait qu’on a énormément donné. Il aurait fallu recommencer mais on n’avait pas beaucoup plus que 30 minutes dans les jambes. C’est donc le résultat de la fatigue du moment et des compétences adverses. Mentalement, physiquement, il nous a manqué des ressources aujourd’hui face à l’équipe qui joue le plus vite dans le groupe ».

Du groupe justement, parlons-en. Le BBH a combattu avec une adversité nombreuse et de grande qualité depuis le mois de septembre pour décrocher sa qualification pour les play-offs. Une expérience ardue et parfois cruelle qui aura forcément enrichi l’ensemble brestois. « On va en garder plein de choses de cette première phase, concluait Pablo Morel. Depuis le début, on a fait des matchs de très haut niveau. Sans manquer de respect à Most, on a joué une douzaine de rencontres qui sont à mon avis du niveau des quarts de finale de Ligue des Champions. Ça nous a secoués, ça nous a mis face à nos carences du début de saison mais ça nous a aussi rendus meilleurs, on n’est plus la même équipe aujourd’hui ». L’ambition reste elle toujours la même.

BREST BRETAGNE HANDBALL – VIPERS KRISTIANSAND : 29-36 (15-17)
BREST BRETAGNE HANDBALL :
Darleux (g.), Foggea (g.), Mauny (3), Toublanc (6), Fauske (3), Kromoska, Kobylinska (5), Lassource (1), Freriks, Kouyaté (3), Foppa (1), Delaye, Brnovic (4), Carlson (1), Jarrige, Grbic (2). Entraîneur : P. Morel.
VIPERS KRISTIANSAND : Börjesson (g.), Lunde (g.), Poulsen (g.), Sercien-Ugolin (1), Dahlum (1), Roberts (7), Waade, Vyakhireva (3), Hove (3), Hesselberg (2), Tchaptchet (2), Valle Dahl (4), Naes Andersen (2), Debelic (2), Knedlikova (1), Jerabkova (8). Entraîneur : O.-G. Gjekstad.

(crédit photos : O. Stephan / BBH)

I94 A6553